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L'année du retour: île de Gorée


Le gouvernement du Ghana a décrété l'année 2019 l'année du retour (Year of the Return). Retour vers le continent africain des members de sa diaspora, plus précisément les descendants de ceux qui ont été arrachés à leur terre natale et transportés de force aux Amériques. Le retour au sens propre, tourisme et immigration, et au sens figuré, investissement.

Le voyage vers le Continent (c'est ainsi que je fais référence à l'Afrique) n'est pas accessible à tous. Ainsi, seule une poignée de privilégiés, en majorité des Afro-Américains, ont effectué ce voyage. Sur les médias sociaux, les photos et vidéos ont témoigné d'un retour au bercail chargé d'émotion.

J'ai donc caressé le rêve de toucher le sol africain en 2019. 

Au mois de mars, j'ai visité le Maroc. Et, pour être tout à fait honnête, je n'ai pas compté cette visite, ma toute première sur le Continent, comme « mon retour ». Au Maroc, je me suis sentie « autre ». Si j'ai aimé le Maroc, je ne m'y suis pas sentie chez moi. Il fallait coûte que coûte que je me rende en Afrique sub-saharienne pour que le retour soit concret. Ma préférence : le Bénin. Il est plus probable que mes ancêtres viennent de cette région. (Je dois me décider à faire ce fameux test d'ADN.)

En planifiant mes 4 voyages pour l'année (j'ai eu 40 and cette année; 4 voyages pour célébrer 4 décennies), mon rêve paraissait de plus en plus inaccessible. Les billets pour l'Afrique coûte cher à partir de l'Amérique. Toutefois, á partir de l'Europe ou du Continent, les prix sont plus abordables.

Nous devions nous rendre en Espagne pour le mariage de nos amis. Hubs a donc décidé de vérifier le prix des billets pour l'Afrique. Barcelona - Marrakech, 75 euros. Ç'aurait été un crime de ne pas l'acheter. Marrakech - Dakar, moins de 250 dollars canadiens.

Et, comme ça, je me rendais au Sénégal.

L'île de Gorée se situe á 3,5 km de Dakar. En plein dans l'Atlantique. Elle est petite, moins d'un kilomètre carré. Elle est de toute beauté. 

Classée patrimoine de mondial par l'UNESCO, elle a l'air d'être restée figée dans le temps. Pourtant, elle dispose de tout ce que la modernité a á offrir: accès à Internet, téléphone, eau potable, électeicité. Cependant, les voitures et les motos y sont interdites.

Aussi petite qu'elle soit, l'île possède un passé lourd, une histoire sombre. Pendant plus de 3 siècles, elle a servi comme point de départ, in parmi tant d'autres, à des bateaux négriers. Ces bateaux dans lesquels on entassait hommes, femmes et enfants comme du bétails pour les transporter vers les Amériques. Dépouillés de leur dignité, ils passait par la Porte du voyage sans retour (Porte de l'enfer serait un nom plus approprié). Une personne sur cinq ne survivait pas à la traversée. Les survivants allaient faire face à l'étreinte brutale et inhumaine de l'esclavage. (Que l'on ne compare pas cette situation au sort des engagés, « indentured servants ». Ce n'est pas la même chose.)

La fameuse Maison des esclaves est encore debout. Ses donjons sont encore là, témoins du traitement horrible qu'ont subis des millions d'êtres humains. Je refuse de reconnaître l'humanité de ceux qui les ont traités ainsi. Blancs ou Noirs.

Si le passé est encore vivant sur l'île, j'y ai retrouvé une histoire un peu diluée, incomplète. On n'accuse pas les instigateurs de la traite. On ne reconnaît que superficiellement la collaboration de certains de nos frère. Il y a très peu de rage. On ne parle pas de la vie antérieure de ces gens qui de retrouvèrent entassés dans les donjons de la maison. Une question demeure sans réponse: Comment sont-ils arrivés à Gorée? 

J'ai lu quelque part que le traumatisme se transmet dans les gênes. Cela expliquerait peut-être la différence entre l'attitude des descendants de ceux qui sont restés et de ceux qui ont été enlevés face à l'esclavage.

Il m'a semblé que notre histoire commune se terminait une fois que nos ancêtres passaient le pas de la Porte de l'enfer. Une fois qu'ils quittaient le Continent une nouvelle page de l'histoire s'écrivait. Une histoire que leur descendants porteraient dans leurs veines, comme le goût de la liberté. Une histoire qui les pousserait toujours vers les rives du Continent (littéralement et au figuré) en quête de réponses.

L'esclavage a été aboli par la France en 1848, soit plus de 30 ans après l'interdiction de la traite, 44 ans après l'indépendance d'Haïti et 59 ans après la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen. Un lien que l'on n'a pas fait au cours de la visite de la maison. Un lien qui a toute son importance.

Si vous vous rendez un jour sur l'île de Gorée, ou dans une autre Maison des esclaves, je vous recommande de lire Segu (la première parties) avant votre voyage. Ce roman de Maryse Condé répond à ces questions que l'on aborde pas pendant la visite. De plus, une partie du roman de déroule à Gorée.


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