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De politique et de foot


Vouloir séparer la politique du sport est, à mon avis, un moyen de faire taire des athlètes que des millions de personnes connaissent, respectent et admirent. Le prétexte est souvent que les fans profitent du jeu pour s'évader, pour oublier leur vie [misérable] et rêver un peu.

Ce besoin de neutralité du sport se fait, encore une fois, terriblement sentir aux États-Unis ces jours-ci. C'est à croire que l'athlète, une fois qu'il revêt son uniforme, n'est plus une personne à part entière, il n'est plus qu'un fragment. Il devrait, lui aussi s'évader, oublier. Bienvenue au FC Barcelona ! Un club de foot qui est bien plus qu'un club. Un club qui pendant longtemps a servi de bastion à la culture catalane. Un véhicule de leur langue. Un reflet de leur mode de vie. Un club de foot dans lequel la ligne entre la politique et le sport n'a peut-être jamais existée. Je suis arrivée à Barcelone en plein dans le mouvement indépendantiste catalan. Je ne suis pas trop imbue des enjeux historiques et actuels de ce conflit centenaire. Je ne vis pas dans ce coin du monde, je n'ai pas vraiment mon mot à dire. Tout ce que je sais c'est que je tente toujours de me ranger du côté de la liberté et de la justice. Je vous dirai donc ce que j'ai vu et entendu. Mon opinion importe peu, ici.

Dès mon arrivée à Barcelone, j'ai remarqué qu'il y avait des drapeaux partout (à Madrid aussi, d'ailleurs). Des drapeaux accrochés aux fenêtres et aux balcons. Des drapeaux de la Catalogne, des drapeaux sur lequel le mot "si" est inscrit. Le drapeau de l'Espagne flotte sur les édifices publics et quelques maisons privées. Toutefois, la majorité des fenêtres et des balcons n'affichent aucune appartenance, aucune prise de position. Pourtant, aujourd'hui, il y a un peu plus de drapeaux dans les rues. En fait, les gens l'attachent autour de leur cou et le laissent flotter derrière eux ou pendre dans leur dos. D'autres l'attachent au bout d'un bâton. Ce n'est pas un hasard: ce matin Madrid a annoncé qu'elle enlèverait son autonomie à la Catalogne.

J'arpentente les rues de la ville depuis ce matin. Elles étaient bondées, ces rues. Pleines de touristes et de locaux. Pas de grabuge, à ma connaissance. Le seul changement : plus de drapeaux dans les rues. Rien d'agressif. Un refus silencieux de se laisser faire.

Dans le stade, en plus de porter les couleurs du club, le public s'est aussi revêtu du drapeau catalan. En plus d'encourager les joueurs, il scande "llibertat". Certains chants étaient strictement liés au foot. D'autres m'ont donnés des frissons, car ceux qui avaient leur drapeau catalan le secouait au rythme de la mélodie.

Je ne sais pas comment finira cette histoire. Mais une chose est certaine, au Camp Nou, la politique aura toujours sa place.

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