Ti Val, c’est lui.
Je parle souvent de lui. Je le considère comme mon petit frère. Mon emmerdeur de petit frère (The Annoying Little Brother). Nous nous ressemblons un peu — bizarrement. Nous avons des valeurs communes, ce qui ne nous épargne pas de fréquentes prises de bec. Ti Val est un véritable globetrotteur. En effet, l’année dernière, il a profité d’une pause de 3 mois entre 2 emplois pour partir à l’aventure. À l’ombre du palmier en fleur À chaque fois qu’il doit soumettre une demande de visa, je le taquine. Je lui rappelle qu’à l’ombre du palmier en fleur — titre d’un poème; aussi, le palmier est la pièce centrale des armoiries de la République d’Haïti — on ne se repose pas du tout, en fait. À mon avis, c’est un véritable exploit que de réussir à voyager autant avec un passeport haïtien. Je ne parle pas des détenteurs de passeports diplomatiques. Je parle d’un haïtien « ordinaire » qui a les moyens et l’envie d’explorer le monde. Être haïtien, en soi, n’a rien de négatif. Au contraire! Je suis haïtienne du pays et fière. Mais on s’entend qu’aller quémander — parce qu’à force de faire la queue et de se plier en quatre pour monter un dossier on finit par perdre un peu de notre dignité — des visas est un obstacle auquel d’autres citoyens ne font pas face. Exemple concret. J’ai voyagé avec Ti Val l’année dernière. Des 7 pays que nous avons visités ensemble, avec mon passeport canadien, je n’avais besoin de soumettre aucune demande de visa. En termes plus concrets, j’ai dépensé moins d’argent (parce qu’un visa, ça coûte!) et passé moins de temps à planifier. Certes, nous avons tous les deux payé des frais à Cuba. Le paiement de ces frais sur place ne nécessite aucune planification particulière. Une demande de visa implique la prise de photo, la compilation de documents personnels et le paiement de frais d’étude de dossier. Ensuite, vient la période d’attente, qui varie d’une ambassade à l’autre. Bref, il faut vraiment vouloir… La Thaïlande, c’est pour une prochaine fois En 93 jours, monsieur a visité 21 pays. (Je suis jalouse et je ne le cache pas!)
[Le voilà en Corée du Sud faisant sa pose Ronaldo.]
Pour ce faire, il a envoyé 13 demandes de visa. Les haïtiens n’ayant pas besoin de visa pour entrer en Malaysie, à Singapour et en Corée du Sud, aucune inquiétude pour ces 3. Sa green card lui a donné « libre » accès au Mexique, à la Jamaïque et à la République Dominicaine. (Notez comment notre chère voisine exige que nous présentions une demande ou détenions un visa de certains autres pays. Mais bon.) Quant á la Thaïlande, il a dû laisser tomber. Le temps d’attente était trop long. Une file spéciale pour les membres de la CARICOM En Jamaïque, nous étions tous 2 ravis de découvrir que les détenteurs d’un passeport d’un pays membre de la CARICOM avait accès à une file spéciale, bien plus courte que l’autre. Pendant que je me joignais aux détenteurs de passeports "autres", lui prenait place, poitrine gonflée de fierté, dans la file des membres, non sans me rappeler mon statut de nord-américaine. (Moi!) J’ai quand même terminé mon entretien avec l’agent d'immigration avant lui. Chose que j’ai trouvé tout à fait surprenante. Il se trouve que monsieur soit tombé sur un agent qui, ne sachant pas qu’Haiti est membre, a voulu lui faire refaire la queue. Ça c’est sans savoir que Ti Val, lorsqu’il sait qu’il a raison, n’abandonne pas. (En fait, il n’abandonne pas même lorsqu'il a tort. Et pour cette phrase, j'aurai droit à des heures d'explication. Ainsi va la vie…) Google aidant, il finit par gagner sa cause. Je vous le dis à nouveau: celui qui se repose sous le palmier en fleur ne connait pas de repos.
[Il faut noter qu'Haiti ne se retrouve pas tout au bas de l'échelle lorsqu'il s'agit de "l'importance" du passeport.]