Ce weekend, nous prenons la route. Nous nous rendons aux USA pour une occasion importante : les jumeaux achèvent leurs études universitaires. Au programme: du temps en famille, une ou deux visites chez des amis, la cérémonie. Parfois, voyager, c’est ça: parcourir des kilomètres afin de tisser des liens avec des proches. C'est le sort de toute famille qui se retrouve éparpillée. Un peu de contexte. Les jumeaux sont des cousins dont je suis 14 ans l’aînée. Je les ai gardés, je les ai chéris. J’ai changé leurs couches. Je les aidés à faire des devoirs. Ce sont mes garçons, mes bébés. Le fait qu’ils me regardent maintenant du haut de leur 180 cm ne change rien au fait que je vois encore en eux les petits bouts de chou que j’ai rencontré il y a plus de 20 ans. Assez de gougou gaga…
C’est la première fois que nous nous rendons aux USA depuis le départ d’Obama. Et je dois avouer que je suis un peu plus nerveuse que d’habitude. J’ai entendu les rumeurs qui veulent que certains agents d'immigration demandent à ceux qui traversent la frontière d’ouvrir leur téléphone et d’ouvrir leurs comptes sur les médias sociaux. Et cela m’inquiète. Voyez-vous, le hasard a voulu que la plupart de mes amis sur Facebook aient des vues similaires aux miennes. Les discours provenant des USA ces jours-ci nous blessent et nous gênent. Notre mécanisme d’adaptation : le rire. Et nous en rions sans réserves. Nous faisons circuler articles et répliques.
Je ne vous parlerai même pas du contenu de mes messages What'sApp! Mais, bon... J’ai bien dit « un peu plus nerveuse que d’habitude ». Nous traversons le nord de l’État de New York pour nous rendre chez ma tante qui vit dans le New Jersey. Et j’ai toujours ressenti une certaine gêne en parcourant les quelque 250 km entre la frontière canadienne et Syracuse. Vous ai-je déjà raconté la fois où le silence s’est installé dans un restaurant et que tous les yeux étaient rivés sur nous à notre entrée? Wep.
De plus, vu le nombre d’affiches pro Trump que j’ai remarquées dans cette zone au cours de mon dernier voyage, ma gêne s’est convertie en inquiétude. Les nouvelles provenant des USA ne sont pas roses. Mais on s'entend qu'elles ne l'ont jamais vraiment été pour les communautés minoritaires.
Nous prenons la route et espérons, d'une part, franchir la frontière sans trop de difficultés et, d'autre part, arriver à destination sans incident désagréable. *kap voum : Onomatopée. Son émis par un véhicule au démarrage...en Haïti.